C'est arrivé à tout le monde: être enrhumé, tousser, avoir mal à la gorge, des courbatures, mal à la tête. Certes, c'est inconfortable, mais la plupart du temps, cela GUERIT TOUT SEUL, sans aucun médicament.
Un rhume est toujours d'origine virale.
Un rhume s'associe le plus souvent d'une inflammation des sinus (= sinusite), car le virus ne connaît pas la frontière (inexistante) entre fosses nasales et sinus. Par le même principe, le rhume s'associe à un mal de gorge lié à l'envahissement du pharynx par le virus qui détruit la muqueuse sur son passage (pharyngite).... Et parfois même cela "DESCEND SUR LES BRONCHES" (trachéite, bronchite): ce n'est pas parce que vous avez traîné à consulter ou parce que ce que le pharmacien vous a conseillé a été inefficace, c'est l'histoire naturelle d'une infection virale des voies aériennes supérieures (VAS) !
Quel est le passe-temps favori du virus ? Se reproduire, il ne pense qu'à ça ! (je schématise)
Pour ce faire, il n'a d'autre moyen que d'utiliser la machinerie présente dans nos propres cellules (lui, le virus, n'est même pas une cellule !). Il s'immisce donc dans une de nos cellules, utilise le matériel qui y est présent pour se faire des copies de lui-même, et quand les copies sont suffisamment nombreuses elles sortent de la cellule en la faisant exploser ! Résultat : les centaines de copies de virus vont aller coloniser les cellules de notre nez voisines, et reproduire le même schéma inlassablement en détruisant chaque cellule envahie...
A l'échelle d'un organe ou d'un tissu (= une partie de l'organe), cela va générer une blessure , comme une plaie qu'on pourrait se faire sur la peau, et prendre plusieurs jours pour cicatriser. Pendant ces temps d'invasion virale puis de cicatrisation, selon l'organe abîmé, cela va générer par exemple des écoulements de nez, plus ou moins du sang dans les mucosités, des douleurs de gorge ou nez qui brûle, une modification de la voix, une toux sèche puis grasse, des crachats ...
Notre système immunitaire : une armée anti-virus
Heureusement, dans la plupart des cas, l'attaque virale ne dure pas ! Nos globules blancs (ou "Leucocytes"), dont il existe des types variés coopérant les uns avec les autres, vont rapidement s'apercevoir de cette intrusion destructrice et mettre en place des stratégies de défense incroyables. Les "Lymphocytes" vont éradiquer chaque particule de virus, les "Polynucléaires Neutrophiles" vont nettoyer les zones détruites, en quelque sorte faire le ménage (donnant les sécrétions épaisses de fin de rhume et les crachats de la toux grasse), de surcroît les super "Lymphocytes" dits "T-mémoire" vont se garder en mémoire l'existence de ces virus pour pouvoir réagir encore plus rapidement en cas de nouvelle attaque (c'est le principe utilisé pour les vaccinations, par exemple contre la grippe).
Rôle du médecin traitant dans ces cas ?
La virose des VAS est (était ?) un motif récurrent de consultation en automne-hiver en médecine générale. Il est vrai qu'il y a quelques décennies, avant que les statistiques ne montrent que c'était inutile, des antibiotiques étaient régulièrement prescrits dans ces situations, les médecins de l'époque pensant apporter à leurs patients une guérison plus précoce... On sait tous qu'il n'en est rien, et pire encore, cette pratique nous a conduits à sélectionner des bactéries résistantes à nos antibiotiques ... Pour rappel, les antibiotiques détruisent les bactéries, les virus y sont insensibles; or, certaines bactéries nous protègent: par exemple dans notre tube digestif, la présence des bactéries de notre flore intestinale représente une véritable barrière de protection contre les invasions microbiennes : les détruire laisse la porte ouverte aux différents virus donnant des tableaux de gastro-entérite par exemple ! On pourrait presque créer ici un dicton : ''Rhume mis sous antibiotique, gastro-entérite automatique'' !
Le rôle de votre médecin traitant à mon avis consiste à rassurer le patient et l'informer de l'évolution naturelle de la maladie, des éventuelles complications, somme toute rares, et leurs manifestations (otite, surinfections de sinus ou broncho-pulmonaire), et des moyens de les éviter.
C'est la raison pour laquelle je me suis lancée dans la rédaction de cette première fiche !
Quel intérêt ?
- sa contagiosité: prévenir ceux qu'on a côtoyés dans les 48 dernières heures et éviter les contacts avec les personnes fragiles ("Papy ou Mamie" à l'EHPAD, "tonton" qui est traité actuellement pour un cancer ou ma voisine qui est sous traitement immunosuppresseur depuis sa greffe, ...)
- le traitement PAXLOVID* : indiqué pour les patients positifs pour le COVID et à risque de forme sévère de la maladie (Papy ou Mamie, tonton et la voisine par exemple), à débuter dans les 5 premiers jours de la maladie après quoi il est inefficace.
La fièvre est un des mécanismes que votre corps peut mettre rapidement en place pour se débarrasser du virus, le temps que les globules blancs ne se rendent sur le lieu de l'invasion. La fièvre complique la réplication et la survie du virus. Si vous êtes accroché à votre thermomètre et prenez du PARACETAMOL dès que vous êtes à 38.5°C (en respectant 6 heures entre chaque prise), alors vous permettez aussi au virus d'être plus à l'aise pour continuer son périple dans votre corps...
Si la fièvre ne vous incommode pas trop, gardez-là ! Pensez à bien vous hydratez.
En revanche, si la fièvre (> 38.5°C) persiste au-delà de trois jours, c'est qu'il y a complication : une surinfection broncho-pulmonaire (fièvre + toux et essoufflement), une otite moyenne aigue (fièvre + douleur d'une oreille en particulier en position allongée), une sinusite (fièvre + un sinus douloureux à la pression ou avec écoulement purulent d'un côté du nez). Là, il faut consulter votre médecin traitant.
Il suffit d'observer à quoi ressemble nos fosses nasales pour comprendre que se moucher le nez ne change rien au problème !
Se moucher c'est juste faire glisser les sécrétions situées à l'avant du nez dans un mouchoir... En réalité quand les narines sont pleines, les fosses nasales, c'est-à-dire tout l'espace au-dessus du palais, et le rhinopharynx le sont aussi. Cela créé la congestion nasale. Or, si vous regardez sur le plan anatomique, l'ensemble de cette zone est un véritable carrefour !
- vers les sinus frontaux droit et gauche, sphénoïdaux (mais aussi maxillaires et ethmoïdaux non figurés sur cette coupe), qui ne "respirent" que par le nez.
- vers les oreilles via les trompes d'Eustache droite et gauche (vous avez déjà remarqué qu'en bouchant votre nez et en faisant montant la pression dans le fond de la gorge vous pouvez faire pression sur vos tympans : c'est par là que ça passe !) , qui elles aussi ne sont ventilées que par le nez.
- vers l'oropharynx, c'est-à-dire le fond de votre gorge.
Si la cavité nasale est comblée de mucosités, on imagine facilement que ces mucosités empêchent le passage d'air et de liquide depuis les sinus et la trompe d'Eustache. Si la stagnation dure trop longtemps, c'est la surinfection bactérienne assurée, la sinusite ou l'otite moyenne aiguë, qui donnera de la fièvre et une douleur en regard de l'infection bactérienne.
Idem concernant l'oropharynx: lorsque les cavités nasales sont remplies de sécrétions, on comprend pourquoi on sent un écoulement au fond de la gorge quand on est enrhumé, en particulier quand on va se coucher (allongé, cela coule encore plus facilement , cf anatomie !)
Tout cela pour vous faire comprendre l'intérêt de se laver le nez (éviter les complications!).
Mais au fait, comment se lave-t-on le nez ?
(pour comprendre j'aime dire aux patients de faire la comparaison, pas très ragoûtante mais bien parlante, avec des toilettes remplies de la grosse commission ^-^)